Chapitre 4 : Les Premiers Doutes
Le vent soufflait fort sur Aethra, portant avec lui les murmures d’un monde en transition. Dans les hautes sphères du Conseil, Solis Vay marchait lentement sur les passerelles suspendues du palais céleste, son regard perdu dans les lumières du firmament. Les étoiles scintillaient comme des témoins silencieux des bouleversements qui s’annonçaient.
Depuis l’introduction du SECRET, quelque chose d’invisible mais tangible avait changé dans l’équilibre des Cinq Royaumes. Officiellement, tout semblait suivre son cours : les préparatifs du vote avançaient, les discours des dirigeants se succédaient, et les alliances se formaient en surface. Pourtant, sous cette façade, une force insidieuse rongeait les fondations mêmes du monde. Les rumeurs circulaient, les esprits s’agitaient, et une tension sourde planait dans l’air.
Solis Vay avait reçu plusieurs rapports troublants. Les transactions en SECRET dépassaient déjà celles effectuées avec les monnaies traditionnelles d’Aethra. Certains marchands avaient commencé à refuser l’ancienne devise, préférant la stabilité et la discrétion que leur apportait cette nouvelle forme d’échange. Les marchés, autrefois régulés et transparents, devenaient des labyrinthes opaques où les règles semblaient se réécrire à chaque instant.
Pire encore, plusieurs de ses plus proches conseillers avaient changé de comportement. Jadis fervents défenseurs des principes fondateurs d’Aethra, ils vantaient maintenant les mérites d’un marché libéré des anciennes contraintes, où la volonté individuelle surpasserait les décisions collectives. Leurs discours, autrefois empreints de sagesse et de prudence, étaient désormais teintés d’une ambition dévorante. Solis Vay ne reconnaissait plus ceux qu’il considérait comme des alliés de longue date.
Solis Vay s’arrêta net, le regard fixé sur l’horizon. Les nuages s’amoncelaient à l’ouest, annonçant peut-être une tempête.
— Qui tire les ficelles de tout cela ? murmura-t-il, sa voix presque emportée par le vent.
Un bruit discret se fit entendre derrière lui. Une silhouette encapuchonnée s’avança lentement sur la passerelle, ses pas légers résonnant à peine sur le métal poli.
— Grand Architecte, dit la voix feutrée d’un messager du Conseil. Un représentant de Nyx-Vega demande audience. Il dit posséder des informations sur… une menace invisible.
Solis Vay se retourna, intrigué. Nyx-Vega, l’un des Royaumes les plus mystérieux et isolés, n’avait jamais été connu pour ses initiatives diplomatiques. Que pouvait-il bien vouloir ?
— Faites-le entrer immédiatement, ordonna-t-il, sentant que les réponses à ses questions se trouvaient peut-être à portée de main.
Le messager s’inclina et disparut dans l’ombre, laissant Solis Vay seul avec ses pensées. Les lumières du palais scintillaient autour de lui, mais elles semblaient désormais froides et lointaines. Une question tournait dans son esprit, insistant et lancinante : jusqu’où cette menace invisible s’était-elle déjà infiltrée ?
Alors qu’il attendait l’arrivée du représentant, Solis Vay sentit un frisson lui parcourir l’échine. Le vent, autrefois porteur de promesses, semblait maintenant chargé d’avertissements. Les Cinq Royaumes étaient à un carrefour, et chaque décision, chaque mot, chaque alliance pourrait déterminer leur destinée.
Mais dans l’ombre, quelqu’un ou quelque chose manipulait les événements, et Solis Vay savait qu’il devait agir vite avant que les fondations d’Aethra ne s’effondrent complètement .